L’AQUEDUC DE L’AVRE, D’HIER A AUJOURD’HUI, AU CŒUR DE L’ALIMENTATION EN EAU DE PARIS

Thèmes: Economie, Sciences, Société                                                                                                         Mardi 13 novembre 2018

L’AQUEDUC DE L’AVRE, D’HIER A AUJOURD’HUI, AU CŒUR DE L’ALIMENTATION EN EAU DE PARIS

Par Mesdames Armelle BERNARD, Directrice des relations extérieures et du développement à Eau de Paris
et Isabelle MEHAULT, responsable de l’agence Avre à la Direction de la ressource en eau et de la production à Eau de Paris.

INTRODUCTION

L’aqueduc de l’Avre traverse la commune de Garches jusqu’à Saint-Cloud mais il a son origine dans l’Eure-et-Loir, dans la région Centre-Val de Loire. Il est intéressant de voir comment le transport de la ressource s’effectue et comment la régie Eau de Paris fournit une eau potable de bonne qualité tout en respectant l’environnement.

I Quelques données sur Eau de Paris.

L’entreprise Eau de Paris est la première entreprise publique de France car depuis 2010 elle est 100% publique. L’eau étant un bien universel et vital il faut la gérer dans l’intérêt de tous avec un service totalement public. La régie est en charge de gérer un patrimoine important qui a commencé à se bâtir au milieu du XIXe siècle et qui s’est développé jusqu’aux années 1970.

Eau de Paris dessert trois millions de consommateurs parisiens chaque jour. L’eau provient à 50% d’eaux souterraines et à 50% d’eaux de surface Le prix reste accessible (3,49 € le m³) et l’entreprise réinvestit une bonne partie de ses bénéfices afin d’assurer l’entretien des réseaux, les aqueducs notamment, et maintenir la qualité du service.   

La Mairie de Paris est un organe de contrôle pour Eau de Paris car c’est elle qui fixe les grands objectifs et contrôle l’activité de l’opérateur. Par ailleurs, Eau de Paris a un conseil d’administration composé de vingt membres qui se réunit tous les deux mois. 

Eau de Paris est dans une démarche de fond et travaille dans le respect de l’écologie et de la viabilité des projets. L’entreprise a ainsi été récompensée par l’ONU. Eau de Paris accompagne des familles démunies et des migrants pour qu’ils puissent avoir accès à l’eau. 

Grâce à Eau de Paris on trouve 1200 points d’eau gratuits dans Paris, dont 104 fontaines Wallace. On peut même trouver quelques fontaines d’eau gazeuse.

II Le schéma d’alimentation.

Pour alimenter la capitale, il faut pouvoir fournir 540 000 m³ d’eau par jour. On trouve autour de Paris cinq grands réservoirs de stockage (L’Haÿ-les-Roses, Les Lilas, Ménilmontant, Montsouris et Saint-Cloud) alimentés par les aqueducs et les usines des eaux de surface. Ces dernières proviennent de la Seine et de la Marne et sont rendues potables sur les sites d’Orly et de Joinville L’eau souterraine provient essentiellement de Bourgogne (région de Sens), du sud de Fontainebleau et des environs de Nemours, de la région de Provins et complètement à l’ouest dans la région de Verneuil-sur-Avre et Dreux d’où elle est amenée jusqu’à Paris par un réseau d’aqueducs.

Le premier aqueduc mis en service en1875 ; est l’aqueduc de la Vanne qui transporte l’eau venant de Bourgogne. Puis, en 1893, est inauguré l’aqueduc de l’Avre qui achemine l’eau de la région du bassin de l’Avre et l’Eure. En 1900 c’est la construction de l’aqueduc du Loing puis celui de la Voulzie qui rejoint celui de Loing. La diversité des ressources est une nécessité car cela évite toute coupure d’alimentation même si un problème advient. Ainsi, entre eaux de surface et eaux souterraines, le schéma d’alimentation en eau potable de la capitale s’est construit en plusieurs phases et montre une diversité d’approvisionnement en eau assurant une sécurisation de l’alimentation de ce bien vital.

III L’aqueduc de l’Avre.  

L’aqueduc de l’Avre est long de 102 kilomètres et traverse successivement les départements d’Eure-et-Loir, des Yvelines et des Hauts-de-Seine dont  les communes de Marnes-la-Coquette, Garches et Saint-Cloud.

L’ouvrage est façonné en maçonnerie de silex et de meulières avec un  diamètre de 1,80 mètre. C’est le seul aqueduc à l’Ouest de Paris et il fournit 10 à 15% des besoins en eau de la capitale.

L’aqueduc est alimenté par deux groupes de sources, les sources de La Vigne (Rueil-la-Gadelière, 28) et de Breuil (Verneuil-sur-Avre, 27) ainsi que par deux champs captants, celui de Vert-en-Drouais (28) et celui de Montreuil (28). Le débit maximal est de 100 000 m³/jour.

Le projet est initié dès 1884 et la construction de l’aqueduc commence en 1891. Au début, on localise la source puis on construit des pavillons de captage, enfin on bâtit l’aqueduc à proprement parlé. La construction de l’ouvrage a nécessité une main d’œuvre nombreuse car au XIXe siècle la mécanisation était quasiment inexistante. Le transport de l’eau se fait par simple gravité car il existe 39 mètres de dénivelé sur les 102 km entre le point de départ au niveau des sources et le point d’arrivée sur Saint-Cloud. La pente est donc de 30 à 40 cm au kilomètre.  L’eau s’écoule à une vitesse de 2,6 kilomètres par heure ; ainsi une goutte d’eau captée à la source de La Vigne mettra 36 heures pour atteindre le réservoir de Montretout à Saint-Cloud après avoir traversé la commune de Garches. Pour garder une pente continue il a fallu effectuer des aménagements comme des franchissements de vallées en arcade ou par siphons. Le siphon le plus long de l’aqueduc mesure 2,2 km et se situe à Houdan dans les Yvelines mais l’ouvrage complet compte 9 siphons qui permettent de franchir les vallées. L’aqueduc compte aussi 3800 mètres d’arcades et 26 kilomètres de tunnels dont celui entre Versailles et Saint-Cloud d’une longueur de 7,3 kilomètres. L’ensemble des installations couvre 230  hectares de périmètres sourciers et champs captants plus 100 hectares de bande au sol. L’ingénieur Fulgence Bienvenüe, qui plus tard concevra le métro parisien, a participé aux travaux de l’aqueduc de l’Avre inauguré en 1893 par le préfet de Paris Eugène Poubelle. 

Les dernières étapes du processus sont le stockage et le traitement de l’eau. Le traitement se fait à l’usine de Saint-Cloud. Après contact de l’eau avec du charbon actif en poudre, l’eau traverse sous pression des membranes d’ultrafiltration. Cette eau ultrafiltrée est ensuite chlorée avant l’étape du stockage. Un autre processus est appliqué pour les eaux recyclées. Il faut préciser que l’eau potable ne se transporte que dans un aqueduc fermé afin d’être préservée autant que possible de toute impureté. La distribution de l’eau de l’Avre est essentiellement effectuée dans les 8e, 9e, 17e et 18e arrondissements de Paris.

Eau de Paris cherche à préserver la qualité des ressources en travaillant avec les agriculteurs afin d’éviter l’utilisation des nitrates et des polluants en général. Des partenariats sont proposés pour développer des actions communes. Eau de Paris étudie aussi les possibilités de partage de la ressource. Enfin, Eau de Paris agit localement pour préserver au mieux l’environnement et notamment la biodiversité de la faune et de la flore. 

CONCLUSION

L’aqueduc de l’Avre fait partie d’un système complexe d’approvisionnement de Paris. Construit au début des années 1890 il continue de fournir la capitale en eau. La régie Eau de Paris qui exploite le réseau cherche avant tout à préserver la ressource et pour cela a mis en place un réseau de collaborations à plusieurs niveaux. Elle propose également aux entreprises et aux collectivités des alternatives à l’eau potable via des offres d’eau non potable. Cette politique de fond est reconnue au niveau international.

Sites internet de Eau de Paris :  www.eaudeparis.fr

Un commentaire

  • Jean-Michel BUCHOUD

    Jan 05, 2019

    Reply

    Dans la commune de Garches le tracé de l’aqueduc est bien visible au-delà de la gare à partir de la rue Frédéric Clément, jusqu’à la rue Jean Mermoz après avoir été traversé par la rue de Toulon ; on perd sa trace jusqu’à la rue des Jardins et la rue des Croissants, d’où on peut à nouveau le suivre jusqu’à la rue de la Porte Jaune après qu’il ait été traversé par la rue de Verdun. En limite de Garches, il disparait sous la rue de la Porte Jaune à Saint-Cloud avant de réapparaitre au-delà de la rue Foch, toujours en direction du nord-est, puis disparaitre pour réapparaitre entre les rues de Buzenval et Henri-Regnault et la rue de l’Avre la bien-nommée où il rejoint les réservoirs couverts de Montretout à une altitude 110m après avoir parcouru 102 kilomètres à une pente moyenne de 30 à 40 cm par km.

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